Une fois encore, la corporation des fabricants locaux de céramique revient à la charge avec les mêmes arguments, déjà utilisés par le passé pour obtenir encore et toujours plus d’avantages et de protectionnisme. Ces derniers n’hésitent pas à appuyer leurs revendications par des chiffres qui sont totalement faux.
L’APISA (Association Nationale des Professionnels de la Céramique et du Second Œuvre) tient aujourd’hui à mettre en évidence le fait que ce protectionnisme primaire accordé à cette corporation a été fait sur la base de chiffres volontairement erronés, et qu’un monopole s’est installé depuis plus de 20 ans par connivence ou par ignorance. Afin qu’à l’avenir, les décisions soient prises en connaissance de cause, il est urgent d’apporter les précisions suivantes :
Avantages et protectionnisme accordés à cette corporation :
- Mesure de sauvegarde accordée de manière exceptionnelle, malgré le risque de réciprocité qu’elle comporte pour le pays.
- Valeur en douane excessive pour le carreau en céramique importé.
- Pesage systématique des importations.
- Prélèvements d’échantillons par les agents du ministère de l’industrie, et analyse au laboratoire pour toute importation.
- Mise en place à la demande de l’APIC (L’association professionnelle des industriels de la céramique) d’une norme obligatoire « 13006 » que cette corporation ne respecte pas puisqu’elle commercialise en toute impunité le 2ème et le 3ème choix, en principe interdits.
En réalité, nous avons affaire à une industrie locale qui a fait le choix de ne pas se mettre à niveau pour devenir compétitive à l’export. Elle se contente d’un marché local dont elle veut garder le monopole. Il s’agit d’opérateurs qui ont bénéficié dans le passé et pendant des décennies, d’un fuel et d’un butane subventionné. Ils ont également bénéficié d’une manière exceptionnelle de mesures de sauvegarde de 2005 à 2010 et de biens d’autres avantages.
Pour obtenir cela, la corporation utilise des arguments fallacieux, et des chiffres à l’emporte-pièce, différents à chaque fois : 10.000 emplois en 2005, 25.000 emplois en 2011, 6500 en 2014 et 3500 en 2015 (voir les articles en annexe), alors que le vrai chiffre est de 2400 déclarés à la CNSS
Nous rappelons ici, que cette corporation qui se dit « industrie nationale » n’est en réalité qu’une industrie d’importation protégée, dans la mesure où la totalité des intrants sont importés. A savoir, les machines, les émaux, les colorants, l’énergie, l’assistance technique étrangère facturée en devises etc. Reste les deux seuls éléments locaux (argile et eau) qui ne représentent que 10% de la valeur totale du carreau.
Concernant l’argile, les conditions de prélèvements et d’exploitation mériteraient que les autorités s’y intéressent, particulièrement sur le plan écologique.
Quant à l’utilisation de l’eau, celle-ci, elle est abusive et dépasse la consommation de toute une ville, alors que nous sommes dans l’un des pays les plus concernés par le stress hydrique. Sans oublier les rejets de métaux lourds, de particules et gazes à effet de serre, etc.
En ce qui concerne l’accusation de tricherie, nous souhaitons dans un premier lieu, rappeler que notre association représente plus de 70 entreprises qui emploient environ 2000 personnes. L’activité dans laquelle nous nous sommes engagés touche à la fois l’immobilier, le commerce et la distribution.
Nous contribuons ainsi au développement de notre pays à différents niveaux : emploi, formation, mise à niveau de l’infrastructure, amélioration de la qualité technique et esthétique du bâti.
Nos entreprises travaillent dans une totale transparence et s’acquittent des droits et taxes, dont une grande partie aux frontières, avant même la mise en consommation de la marchandise.
Ainsi nos entreprises payent :
- Un montant de droits et taxes à l’importation qui s’élèvent à plus de 400 millions de dirhams par an.
- 60 millions de dirhams par an d’IS (impôts sur société).
- 160 millions de dirhams par an de masse salariale.
De ce fait, nous ne tolérons aucune accusation de la part d’une corporation dont la traçabilité fiscale de l’activité reste difficile à identifier. Ce qui peut expliquer que l’impôt sur le résultat déclaré par certains de leurs membres frôle souvent la contribution minimale.
Quant aux dangers d’un tel monopole, qui avance à visage caché, nous citons :
La restriction de la liberté de choix, qui est un droit fondamental du consommateur et qui est un impératif à toute création architecturale.
L’éloignement des préoccupations nationales en matière de développement durable appliqué à l’architecture, à la construction et aux aménagements d’extérieur par des choix de céramiques novateurs, que seuls les produits internationaux sont en mesure d’offrir pour le moment.
L’impossibilité de répondre à la qualité et aux prescriptions exigées par les ouvrages et projets structurant du royaume (aéroports, usines, projets touristiques, hôpitaux publiques et privés, etc.) ; Mais également ne plus pouvoir répondre à l’esthétique et au design des services publics et semi publiques, ainsi qu’aux habitations de standing.
Habituer cette corporation à un confort de rentier, et les rendre incapables d’innover pour faire face à la concurrence, tout en focalisent leur énergie uniquement dans le lobbying qui leur permet l’accès à des subventions, et la mise en place d’instruments de protection commerciale, afin de garder le consommateur national en otage.
En conclusion, nous sommes face à une corporation qui agite la menace de fermeture en utilisant, comme toujours, les emplois comme bouclier après avoir tout obtenu de la part de l’Etat sans rien en échange. Après 5 années de mesure de sauvegarde, vient aujourd’hui réclamer l’unique mesure qui manque à son arsenal protectionniste, la défense suprême à savoir l’anti-dumping, en avançant les mêmes arguments et chiffres réchauffés d’il y a 10 ans, sans se soucier des répercussions de réciprocité risqué par notre pays. Ceci, confirme, si l’on a encore besoin qu’une industrie en permanence protégée, ne peut jamais performer à l’export, si l’on ajoute à cela que cette industrie est énergivore avec un coefficient d’efficacité énergétique largement négatif, nous aurons là tous les ingrédients d’un boulet au programme d’accélération industrielle de notre pays.
Notre association n’acceptera jamais que l’on sacrifie nos entreprises pour leur confort, ni nos emplois au profit des leurs.
Le président
Youssef Belkaid